Témoignage

Comment aider l’Afrique ?

Mode d’emploi à Nantes avec les retraités d’Arcade

 

Voilà un sujet que le débat sur l’immigration n’aborde guère, celui du sous-développement des pays du Sud et d’une de ses conséquences principales, l’émigration vers les pays du Nord, la France en particulier. Il est pourtant urgent de prendre en compte le phénomène dans son ensemble, comme nous y invite à le faire ceux qui – ici et dans le Tiers Monde, et   en silence – travaillent côte à côte à construire un monde plus juste.

 

C’est dans l’agriculture que ce phénomène est le plus visible, comme au Bénin, touché par l’exode de la jeunesse, attirée par les mirages des pays riches. Koffivi Nouwogou, coordonnateur national des Cuma – ces coopératives d’utilisation  de matériels agricoles qui chez nous ont pris leur part à l’essor de l’agriculture dans les années cinquante – est intervenu tout récemment dans ce débat à Nantes, où il était l’invité d’Arcade, association de retraités pour la coopération et l’aide au développement.

 

Depuis 1987, à raison d’un conteneur par an, Arcade expédie au Bénin le fruit des travaux réalisés dans trois ateliers répartis dans le département : des outils, des moteurs, des véhicules, et maintenant des tracteurs remis en état (sans aucun doute plus performants que les chinois). 

L’enjeu est vital. Ecoutons Koffivi  à ce propos face aux ouvriers qui fignolent deux  Ferguson dans l’atelier de Rémi Danet, ancien mécanicien agricole à Saint-Gildas des Bois. « L’Etat béninois a la volonté de mécaniser l’agriculture, l’appui d’Arcade est donc capital pour nous ». Il explique : « Avec la daba, un outil à main, il faut employer 6 personnes pendant quatre jours pour traiter 1 hectare de maïs. Or, avec un tracteur comme celui-là, il suffit d’un homme pour la même surface et cela en quatre heures seulement. Dans ces conditions, comment voulez-vous que les jeunes  ne souhaitent pas tenter leur chance en Europe, pour eux c’est l’Eldorado, le pays où coule le lait et le miel». Pourtant au Bénin, la terre est assez riche pour planter du coton, semer du maïs, développer les cultures vivrières et le maraîchage…

        

Ces tracteurs sont les pièces principales du conteneur en partance pour le port de Cotonou en cette fin 2019. Encore faut-il apprendre à conduire ces engins et surtout à assurer l’entretien et l’accès aux pièces détachées. « Nous avons de grands besoins dans ce domaine » observe Koffivi. Les mécaniciens d’Arcade répondent aussi à cette problématique. En janvier 2020 – pour la dixième année sans discontinuer – ils seront une dizaine à prendre l’avion pour un séjour de 5 semaines au Bénin. « La formation est un levier puissant pour la mécanisation de l’agriculture, c’est capital » martèle l’animateur Cuma.

 

Le Béninois va plus loin. « Par son action, Arcade encourage les jeunes à rester au pays, car il y a chez nous le potentiel pour bien vivre, la terre, le soleil, l’eau… Il n’y aura pas de vrai développement sans le développement de l’agriculture. ». Arcade est maintenant reconnue par les autorités béninoises. Une des tâches de la prochaine mission sera d’ailleurs d’intervenir dans le lycée d’Akodia, près de la frontière du Togo. L’objectif étant cette fois de former les professeurs aux techniques indispensables à une agriculture rentable. Où l’on retrouve le célèbre proverbe « ne me donne pas de poisson, apprends-moi plutôt à pêcher ». 

                                                                                      

Yves Rochcongar, membre d’Arcade

 

Légende de la photo : Dans l’atelier de Saint-Gildas des Bois, deux tracteurs Ferguson sont remis à neuf… 

  

 

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